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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 04:06

Une petite dizaine de jours à Léticia, petite ville amazonienne des trois frontières entre Pérou, Brésil et Colombie, ainsi qu'à Puerto Narino, petit village de communautés indiennes sur la rive de l 'Amazone...

Repos, nature et tranquillité.


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Coté Histoire, l'Amazonie du côté colombien est très peu peuplée. Les deux seules villes sont Leticia (24 000 habitants) et Puerto Narino (environ 6000 si on compte les communautés alentours). Ce sont essentiellement les amérindiens Tikuna qui peuplent la région, et qui ont pour culture un grand respect de la nature et des mythes et légendes... Cette région n'est desservie que par avion car il n'y a aucune route qui puisse traverser la forêt amazonienne ! Les déplacements alentours se font par bateau, sur le fleuve Amazone. A Leticia, les rues grouillent de motos, et motos-taxis. C'est une ville frontière entre Pérou et Brésil. A Puerto Narino, les véhicules de toutes sortes sont interdits... Il n'y a donc que les pirogues qui permettent le transport ! Et lorsque la nuit tombe, le fleuve se transforme en une véritable autoroute de bateaux !

 

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A Puerto Narino, nous avons un peu retrouvé l'esprit et l'ambiance de Tarrafal, le village autarcique de bord de mer de Santo Antao au Cap Vert qu'on avait tant aimé... Puerto Narino est encore préservé et authentique, même si Comcel, la grosse entreprise de télécommunication y a installé son antenne pour introduire les portables dans ses ruelles... Les vivres sont amenés, chaque matin depuis Leticia en bateau (2h de trajet avec un bateau hyper rapide ; le « speed boat ») : autant dire qu'il vaut mieux faire ses courses le matin ! Les familles qui y habitent font presque toutes partie de communautés, « comunidad indigenas » et dans chaque communauté, on se retrouve sous la Maloca, un abri circulaire au toit de feuilles de palme tressées : c'est le baobab Ticuna !


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On arrive à Puerto Narino en plein lancement des campagnes électorales pour les « governadores », sorte de président de la région. Cela fait un moment qu'on est dedans en Colombie, mais à cet endroit, si reculé, si simple, ça fait drôle ! Des partis politiques se promènent avec leurs casquettes de couleurs verte, bleue ou rouge et prêchent au mégaphone la bonne parole pour toucher un maximum d'électeurs. Des petits-déjeuners sont offerts aux passants pour les inviter à rejoindre leur groupe... Une pirogue quitte le port remplie de partisans allant courtiser les communautés voisines... On se dit d'abord que tout cela n'a rien à faire là, puis on comprend vite que cela fonde un sacré lien social et surtout, que l'élection du « bon parti » est très importante pour l'avenir de la région ! Il faut dire aussi que soutenir un parti peut avoir des motivations plus interessées, comme par exemple un poste assuré pour les quatre ans à venir...

 

 

IP1060727ci, on vit de la pêche (pirarucu, piranha...) et de l'agriculture (manioc, pastèque, concombre...) et de tout ce que peut offrir la nature alentour (fruits, bois, textile issu des différents palmiers, eau de pluie et de l'Amazone). Non, bien sûre, on trouve les sodas à bulles, les jouets chinois et le parfum bon marché et même la télé.

Ici, il n'y a pas de pauvres car chacun a une famille, une maison de bois et de palme, un truc à manger et à boire à volonté. Personne n'est seul. Les hommes jouent aux cartes sur la terrasse du bar, face à la rivière, les femmes se promènent, des ribambelles d'enfants autour d'elles. Les jeunes se retrouvent sur leur stade de foot, les enfants vivent libres courant de tous côtés. Peu de vieux, oui. L'argent et les billets circulent mais provient essentiellement du tourisme ou de l'état qui est pas mal présent en terme d'aide financière pour l'Amazonie (Pour les collègues : il y existe un genre de garderie, c'est une femme bien mature qui est en charge des enfants de la communauté et qui est payée par l'état pour s'occuper des enfants. Les parents ne paient donc rien. Il y a également un genre de CAF qui donne une petite somme d'argent à chaque enfant scolarisé afin de motiver les inscriptions à l'école. Et puis, une sécurité sociale gratuite pour chaque personne de la zone contrairement aux autres régions de Colombie).

 

 

 

Côté nature, ce fut grandiose : les ballades dans la forêt amazonienne, les navigations en pirogue, la pêche (Anatole, bien sûre parti à la pêche aux piranhas!), les animaux (les perroquets, les araignées, les caïmans, les oiseaux de toutes sortes dont on ne se rappelle aucun nom et qui se rencontrent uniquement en Amazonie, les poissons si différents de ceux de l'océan, les araignées, les méchants moustiques, un petit singe qui s'est épris de moi et qui était sur mon épaule chaque jour et chaque nuit!)...

 

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Côté échange : c'est avec l'association MISSION ENFANCE que nous avons convenu le voyage à Léticia et Puerto Narino afin de présenter le spectacle « Bleu courageux » (alias « Azul Valoroso ») aux enfants d'Amazonie.

 

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A Puerto Narino l'expérience fut unique et inoubliable : ce sont les enfants des différentes communautés du village accompagnés par les « madres comunitarias » (femmes en charge des enfants) et d'une école (les enfants en uniforme sur les photos) qui ont été invités par Exadith, la responsable de la ludothèque de Mission Enfance à Puerto Narino. La représentation s'est déroulée sur la tribune du stade de foot, face à l'Amazone, sur fond sonore des campagnes électorales ! Ce fut un moment fort en émotions, pour ma part en tout cas, et je l’espère, pour les participants tout autant !  Pour terminer, les enfants de la communauté Ticuya se sont mis en cercle autour de moi pour chanter leur chanson favorite « Los delfines rosados » (les dauphins roses, mammifères représentatifs de l'Amazone). Puis, nous nous sommes rendus à la ludothèque pour partager un atelier de fabrication de balles de jonglage, afin que les enfants puissent continuer l'histoire chez eux... Les mères communautaires ont assisté assidument à l'atelier, et sont reparties avec une bonne production de balles et avec un nouveau savoir-faire qu'elles pourront partager avec les enfants dont elles s'occupent.

 

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Même déroulement avec les enfants de Léticia, dans la ludothèque, où la participation fut très active et où nous avons bien pu rigoler tant avec les petits qu'avec les plus grands ! Pour l'atelier, la « production » de balles fut impressionnante, quelques uns sont repartis avec leurs poches ou leurs tee-shirts pleins à craquer de balles et le sourire aux lèvres !!! Que de bonheur !

 

Une belle expérience, un bon choc culturel, un échange riche... Quelques jours qui resteront bien gravés dans nos mémoires ! Nous vous invitons aussi à aller lire les légendes Ticuna qu'Exadith et Emmanuel ont partagé avec nous (rubrique « contes en chemin », Légendes Ticuna à découvrir fin de la semaine, le temps de les réecrire en français !!!).

 

De retour à Bogota pour une semaine, le temps de jouer quelques représentations de « Azul Valoroso » et de proposer la journée de formation autour des techniques théâtrales pour les ludothécaires de Mission Enfance, et on retourne à Cali, en s'arrêtant en chemin dans la Zona Cafetara afin de profiter des fermes en plein milieu de plantations bambous... Du travail, donc, mais beaucoup de joie et de rencontres en perspective !

 

Un abrazo !

 

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